En attendant Noël
Voici trois textes que j’ai écrits, dont un conte de Noël inédit. Pour ceux et celles qui ont des enfants, des petits-enfants et ceux et celles qui entretiennent leur enfant intérieur…
Voici trois textes que j’ai écrits, dont un conte de Noël inédit. Pour ceux et celles qui ont des enfants, des petits-enfants et ceux et celles qui entretiennent leur enfant intérieur…
Noël se préparait tôt cette année-là, c’était dans l’air et aussi sur le sol…
Un samedi de novembre, alors que je revenais d’une sortie à l’Oratoire Saint-Joseph avec un groupe d’adolescents, Jean-Guy, Pascale et Pénélope m’ont fait la surprise d’avoir monté et décoré le sapin de Noël. Le temps manquait à Jean-Guy pour terminer sa besogne, alors, je me suis proposée pour installer le village et la crèche avec l’aide de Pascale et de Pénélope.
Le lendemain matin, nous ouvrions toutes les trois la grosse malle bleue dans laquelle sont entreposées, ô merveilles, toutes les décorations de Noël et nous partions à la recherche de la neige ouatée, de la crèche, des personnages, des maisons, etc.
Vous savez, c’est un plaisir sans cesse renouvelé que d’être témoin de l’émerveillement de mes enfants regardant le décor au pied du sapin, de les voir prendre dans leurs petites mains douces les mêmes moutons de laine que je caressais, il y a trente ans; de leur expliquer aussi le rôle de chaque personnage et la raison de la présence d’un sapin planté au milieu de ce décor représentant un événement qui s’est déroulé dans le désert, il y a de cela 2000 ans.
Ce plaisir nous apporte toujours un peu d’apaisement face à l’excitation montante de la venue prochaine du Père Noël et des cadeaux qu’il laissera sur son passage. Il nous amène tout doucement au caractère religieux de Noël : la naissance de Jésus.
Quelques jours plus tard, lors d’un repas tranquille du midi, Pénélope, âgée de trois ans, me demanda, inquiète :
— Maman, on va faire un gâteau pour Jésus?
— Un peu surprise par sa question, je répondis pour la rassurer :
— Mais oui, ma chérie.
— On va inviter des amis et faire une fête avec des cadeaux?
— Mais oui, mon amour.
— Jésus va venir chez nous pour souffler ses bougies et ouvrir ses cadeaux?
— Certainement, Jésus est partout à la fois. Par contre, on ne pourra pas le voir, il va falloir souffler les bougies à sa place.
Pénélope parue très déçue : imaginez, une fête d’anniversaire sans la personne fêtée! Je la rassurais en lui disant :
— Jésus est dans notre cœur et dans celui de toutes les personnes présentes avec nous le soir de Noël. Lorsque, ensemble, nous éteindrons les bougies, ce sera comme si c’était Lui qui agissait en nous et la même chose pour les cadeaux.
Puis, je me mis à chanter la chanson « Bonne fête Jésus… » ainsi que « Mon cher Jésus, c’est à ton tour de te laisser parler d’amour… » Ce fut un instant de vif bonheur.
Satisfaite de mes explications, depuis ce jour, elle ne me posait plus de questions, mais elle me rappelait fréquemment :
— Maman, n’oublie pas de faire un gâteau avec beaucoup de glaçage pour Jésus.
Elle me disait aussi :
— Pendant que nous allons manger son gâteau, Jésus va téter le sein de maman Marie et après, il fera un petit dodo dans les bras de Joseph, son papa.
Merci à vous, les enfants, de nous ramener de façon concrète aux priorités de la vie : la famille, l’amour, la paix, la joie, le partage, la fraternité… Peut-être un peu grâce à votre facilité de communier avec le sacré.
C’est ainsi que cette année-là, pour la première fois, et pour les années futures, nous avons soufflé sur des bougies avant de partager la traditionnelle bûche de Noël! Quant à savoir combien de bougies nous y plaçons…[1]
[1] Après réflexions, nous avons décidé de placer trois bougies, rappelant ainsi la Très Sainte Trinité.
Trois jours avant la fête de Noël, dans un petit village de campagne, il régnait une joyeuse atmosphère : les gens s’affairaient avec bonne humeur à leurs derniers préparatifs.
Seul un petit garçon de dix ans ne semblait pas partager la même joie que les autres. Il faut dire que David était un petit coquin. Il jouait de vilains tours aux autres, il était détestable avec tout le monde et il ne s’intéressait à rien. Il n’aimait même pas la neige et l’hiver, sauf pour lancer des balles de neige aux passants ou pour détruire les bonhommes de neige que les enfants avaient mis des heures à façonner.
Ce jour-là, David se promenait dans la forêt tapissée de neige à la recherche d’un mauvais coup à faire.
Il entendit soudain comme un bruit de clochettes ou plutôt de grelots qui se rapprochait de lui.
— Mais qu’est-ce que c’est que ça? se demanda-t-il, inquiet.
Il eut un peu peur et se cacha derrière un arbre à l’orée d’une clairière. Le spectacle qu’il vit le surprit tellement qu’il l’observa sans bouger, la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés.
Un traineau rouge tournoyait dans le ciel bleu, il descendait de plus en plus vite en direction de la clairière. Dans un nuage de poussière d’étoiles et de neige, il se posa devant lui.
Il ne faisait aucun doute sur l’identité de celui qui tenait les guides :
— C’est le Père Noël! Mais oui! C’est lui! Mais qu’est-ce qu’il fait ici?
Devant l’attelage se tenait seul et fier le Renne au nez rouge. Rudolphe n’était pas petit, c’était le plus grand du groupe. Son nez, tout rouge, brillait malgré l’éclat du soleil sur la neige. Chose surprenante, l’arrière du traineau semblait vide, sans aucun cadeau.
David, toujours caché et de plus en plus surpris, écouta le Père Noël parler à ses rennes :
— Ho! Ho! Ho! Je vous félicite mes bons rennes! Vous avez très bien manœuvré. Votre entrainement est réussi. Nous allons nous reposer et nous restaurer un peu avant de repartir chez nous. Nous l’avons bien mérité!
David ne savait pas que le Père Noël exerçait ses rennes dans le ciel quelques jours avant la grande nuit de distribution des cadeaux : il fallait qu’ils soient en excellente forme, car le parcours était long. Ils en profitaient aussi pour vérifier avec le Père Noël les différentes trajectoires. Il parait que les rennes peuvent voyager aussi vite que la lumière.
David, étonné, observait attentivement les moindres gestes du Père Noël.
Le Père Noël enleva la grande peau d’ours polaire et l’épaisse couverture de laine qui le recouvraient. Il enleva aussi ses chaudes mitaines et alla nourrir ses rennes. Il leur donna du bon foin frais et quelques fleurs spéciales en les flattant doucement sur la tête.
Tout à coup, David sortit de sa torpeur. Une envie folle lui prenait d’aller voir le traineau de plus près pendant que le Père Noël parlait avec Rudolphe. David s’avança avec prudence dans la neige molle.
Il fut déçu :
— Ah! Le traineau est fait en bois comme ceux qui sont tirés par les chevaux du village et il n’y a même pas de jouets ni de cadeaux dedans.
Puis, son attention se dirigea vers les grosses mitaines du Père Noël. Elles semblaient si chaudes et si confortables. David crut entendre deux petites voix qui chuchotaient :
— Prends-nous! Allez, prends-nous!
Il essayait de résister à l’appel des mitaines, mais en même temps, il les voulait.
— Si le Père Noël n’avait pas ses mitaines, il ne pourrait pas distribuer les cadeaux la nuit de Noël; ainsi, tous les enfants seraient sans cadeaux cette année. Hi! Hi! Hi! C’est un bon tour à lui jouer! se dit David en prenant rapidement les mitaines.
Il jeta un regard vers le Père Noël :
— Ouf! Il ne m’a pas vu!
Il plaça soigneusement son butin à l’intérieur de son manteau et se mit à courir à une vitesse folle.
« Fuir rapidement et me cacher dans la cabane derrière la maison. Fuir rapidement et me cacher dans la cabane derrière la maison », répétait-il dans sa tête.
C’est ainsi que David traversa la forêt et le village en un temps record. Il courait tellement vite qu’il ne sentit même pas les mitaines dégager une douce chaleur.
Pendant ce temps, le Père Noël revint vers son traineau :
— Bon! Maintenant, c’est à mon tour de prendre la collation. Voyons un peu ce que Lutin Cuisinier m’a préparé : chocolat chaud, galettes d’avoine et morceaux de fromage. Hum! Hum! Je vais me régaler.
Quand le Père Noël eut fini son goûter, il voulut remettre ses mitaines, mais il ne les trouva pas.
— Ah! Ah! Comme c’est étrange… Il me semblait bien pourtant les avoir laissées sur la banquette. Ce n’est pas Lutin Coquin qui m’a joué un tour, il n’est pas ici. Mais qui est-ce?
Il chercha partout et interrogea même les rennes.
— Aucune trace d’elles… Ah! Mais en parlant de traces, qu’est-ce que je vois dans la neige? Hum! Hum! Ce sont des empreintes de bottes d’enfant; un petit garçon; d’environ une dizaine d’années…
Il toucha l’empreinte de ses doigts :
— Il me semble le connaître… Oh! Oh! Oh! Je ne suis pas inquiet, mes mitaines vont revenir bientôt!
Puis, le Père Noël s’installa pour faire une sieste.
Arrivé chez lui, David alla se réfugier dans sa cachette préférée, une vieille cabane qui servait pour entreposer les outils de jardinage de son père. C’est alors qu’il vit les mitaines briller dans la pénombre.
— Oh! Comme elles sont belles! s’exclama-t-il.
Il plaça les grosses mitaines contre sa joue droite et ferma les yeux.
— On dirait qu’elles me donnent un baiser… Je veux les porter!
David les posa soigneusement sur une table. Puis, il enleva ses vieilles mitaines en les lançant derrière lui.
Soudain, il se passa quelque chose de bien étrange. Les mitaines du Père Noël se soulevèrent dans les airs et vinrent se placer devant le nez de David. Ce dernier n’osait plus respirer.
« Je devrais peut-être leur montrer mes mains », pensa-t-il, incertain.
Courageusement, il leva les mains en les approchant de son visage. Pendant quelques minutes, ni les mitaines ni les mains de David ne bougèrent.
Puis, comme si elles y avaient longuement réfléchi, les mitaines glissèrent doucement sur ses mains, mais elles cessèrent de briller aussitôt.
— Oh! C’est déjà fini…, soupira David.
Un peu fâché et déçu, il sortit de sa cachette. Il cligna des yeux, car dehors la neige éclairée par le soleil était aveuglante. David prit de la neige dans ses mains. Puis, il eut l’idée surprenante de rouler des boules de neige pour en faire un bonhomme.
Il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait fait un bonhomme de neige. Ça lui paraissait tellement loin dans sa mémoire de petit garçon. Peu importe, il avait bien du plaisir : il riait aux éclats. On l’entendait même jusqu’à l’autre bout du village :
— Hi! Hi! Hi! Hi! Hi! Ha! Ha! Ha! Que j’aime ça jouer dans la neige!
En fait, David ne s’amusait plus dans la neige, et il ne s’amusait plus du tout, d’ailleurs, depuis qu’il avait perdu son meilleur ami, Louis, emporté par la rivière au début de l’hiver, il y a trois ans, lors de l’une de leurs expéditions enfantines. David avait emmuré son cœur et personne n’avait réussi, malgré toutes sortes de tentatives, à le réanimer.
Tout à coup, David regarda ses mains :
— Oh! Mais qu’est-ce qui se passe?
Il sentait une bonne chaleur se dégager des mitaines. La chaleur monta le long de ses bras et se promena dans tout son corps jusqu’au bout de ses orteils. Elle alla de nouveau à son cœur et à cet instant, David fut enveloppé d’amour. Il était si bien qu’il avait l’impression de flotter dans les airs…
Il resta un bon moment dans cet état de bien-être, puis il se ressaisit et essaya de se rappeler ce qui lui était arrivé. Soudain, il enleva les mitaines :
— Mais, elles ne sont pas à moi ces mitaines-là! Oh! Je me souviens! Ce sont celles du Père Noël! Ah! Mais il faut que je les lui rende avant qu’il ne parte.
David se remit à courir à toute vitesse. Il traversa à nouveau le village et la forêt en se répétant, cette fois-ci :
« Pourvu qu’il ne soit pas parti… Pourvu qu’il ne soit pas parti! »
Quel soulagement pour David lorsqu’il aperçut le traineau toujours stationné dans la clairière. Il se cacha derrière le même arbre et observa le Père Noël. Celui-ci semblait dormir profondément.
« C’est parfait. Je vais pouvoir lui remettre ses mitaines sans qu’il ne s’en aperçoive », pensa David.
David avança lentement dans la neige. Il faisait très attention pour ne pas faire de bruit. Il déposa doucement les mitaines sur les genoux du Père Noël.
— Oh! Oh! Oh! Bonjour David!, s’exclama le Père Noël en se redressant.
— Ah!, cria David.
David fut si surpris, qu’il tomba assit dans la neige, les quatre membres dans les airs.
— Oh! Oh! Oh! Je savais que tu reviendrais. Tout en riant, le Père Noël descendit de son traineau et alla aider David à se relever. David était très embarrassé :
— Je suis… Je vous… Ce n’est pas pas pas ce que vous pensez…
— Oh! Oh! Oh! Je te pardonne mon bon David. Je suis même très heureux que tu aies pris mes mitaines.
— Je me sens tellement différent… Merci Père Noël! David lui fit un gros câlin et le Père Noël lui donna un gros bisou sur le front.
— Joyeux Noël David! Oh! Oh! Oh!
Le Père Noël remonta à bord de son traineau. Il s’enveloppa de sa chaude peau d’ours, il enfila ses précieuses mitaines et il prit les guides dans ses mains.
David recula. Le traineau se mit à glisser puis s’envola dans un nuage de poussière d’étoiles et de neige. David le vit tournoyer et finalement disparaitre. Il entendit un bruit de grelots s’éteindre dans le lointain.
David s’en retourna chez lui en marchant lentement dans la forêt. Des petits oiseaux, des mésanges, semblaient le raccompagner en volant d’arbre en arbre et en émettant leurs joyeux gazouillis.
David traversa le village en saluant tout le monde sur son passage. Les gens se regardaient en s’interrogeant du regard :
— Mais est-ce bien le petit David, celui qui a une si mauvaise réputation? Comme il a changé!
Les jours qui suivirent, David rendit service à plusieurs habitants du village. Il se montrait gentil avec tout le monde.
Il redécouvrait aussi la joie de jouer avec les autres enfants de son âge.
Ses parents étaient très heureux de le voir ainsi. David, seul, gardait le secret de sa rencontre avec le Père Noël.
Trois jours plus tard, le matin de Noël, David était un peu triste :
— Je n’aurai sûrement pas de cadeau cette année…
Il se rendit quand même au salon où l’attendaient ses frères et sœurs assis près du sapin de Noël.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsque sa mère lui remit un cadeau! C’était une grosse boite enveloppée d’un papier brillant et surmontée d’un énorme chou.
Savez-vous ce que c’était que ce cadeau-là?
— Oh! Une paire de mitaines rouges comme celles du Père Noël! s’exclama David tout joyeux.
(Texte composé pour ma fille Pascale et raconté à Radio Ville-Marie, 91,3 FM, dans le cadre de l’émission spéciale Un Noël magique que j’ai réalisée en décembre 1997)
’entends des rires, des cris de joie.
Je vois des sourires, des accolades, une larme essuyée par la caresse d’une main et des yeux qui brillent de mille feux. Ils sont là, Seigneur, les membres de ta grande famille, assis à la table du festin que tu leur as préparé.
Tu es à l’écoute de leur faim et de leur soif profondes et tu leur sers ce qui les nourrit et les désaltère vraiment : ton Amour, ta Paix, ta Joie, ta Parole et ta Présence eucharistique.
Ton cœur brûle du désir de voir s’y assoir tous les petits, les blessés, les laissés pour compte, tous ceux que l’on juge et condamne d’avance.
Tes bras de Père sont grands ouverts pour les accueillir et les écouter, tous et toutes, sans exception.
Fais de nos milieux, Seigneur, des lieux de partage, d’écoute, de compassion; reflets de ta miséricorde.
Fais de nos vies, des vies offertes pour ta plus grande gloire et pour le salut de nos frères et sœurs et pour notre propre salut.
Apprends-nous à nous nourrir de ta volonté.
Chaque jour, donne-nous le pain nécessaire pour nourrir notre corps, notre cœur et notre esprit afin que nous devenions, à ton image, des dispensateurs et des dispensatrices de bienfaits dans nos milieux.
(Texte paru dans le Bulletin du Centre Rosalie-Cadron-Jetté, Volume 17, Numéro 4, Décembre 2013